vendredi 16 janvier 2009

" Rien ne peut justifier un tel déchainement qui ne laisse derrière lui que ruines, désolation, haine et candidats aux suicides. Ni les raisons bassement électoralistes en Israël ni les manœuvres vaguement tactiques pour tester la discontinuité éventuelle ou la continuité probable de la future administration américaine dans sa gestion du conflit israélo-palestinien. Quant à la légende du petit David contre le méchant Goliath, elle est désuète et anachronique. Car même si plusieurs innocents civils ont été atteints par les abominable attentats-suicides, il y a bien longtemps que la sécurité d'Israël n'est plus menacée. Et pour cause, en termes de puissance militaire et de dissuasion nucléaire, Israël peut rayer de la carte qui il veut et quand il veut.

Ce n'est pas aimer Israël que de lui "souffleter l'imprudent patriotisme", comme disait Zola. Aimer Israël, c'est, à l'instar d'Hannah Arendt hier, de Tzvetan Todorov, de Gidéon Levy et de tant d'intellectuels israéliens aujourd'hui, lui "dire la vérité, même si ça coûte. Surtout si ça coûte", comme disait Hubert Beuve-Méry, fondateur et directeur du Monde.

Aimer cet État né après l'innommable Holocauste, c'est le mettre en garde de l'ivresse de la puissance et de l'impunité. "Israël a toujours gagné les guerres et perdu les paix", disait l'illustre Raymond Aron. Il ne s'est pas trompé : avec celui qui lui a assuré tant de guerres, Itzhak Rabin, Israël a failli gagner la paix. On l'a assassiné et avec sa disparition, l'espoir d'une paix durable s'est évaporé. Mais tôt ou tard, lorsque les armes vont se taire et que cessera de couler le sang des Palestiniens, avec ou contre la volonté de Dieu, le destin du peuple hébreu croisera à nouveau la volonté d'un prophète."

Mezri Haddad, écrivain et philosophe tunisien.

Aucun commentaire: